Etape 6 : l’émaillage
L'émaillage : donner vie et couleur à mes céramiques
Après la cuisson biscuit, mes pièces sont solides mais ternes, poreuses et sans éclat. C'est l'émaillage qui va les transformer en véritables objets d'art utilitaire, leur donner leur couleur définitive et cette surface lisse et brillante qui les rend si agréables à utiliser. Dans mon atelier Pot et Tess à Aubenas, je formule mes propres émaux sans plomb pour que chaque pièce en grès soit parfaitement saine pour un usage alimentaire.
Pourquoi je crée mes propres recettes d'émail
Des émaux sans plomb pour la sécurité alimentaire
Je pourrais choisir la simplicité d’acheter des émaux tout prêts, mais je préfère créer mes propres recettes et créer des couleurs uniques qui vont donner une identité propre à chacune de mes créations. Je préfère maîtriser totalement la composition de mes émaux, surtout pour mes pièces de vaisselle artisanale. Je formule donc mes propres recettes d'émail sans plomb.
Le plomb a longtemps été utilisé en céramique car il donne de beaux résultats brillants. Mais il peut migrer dans les aliments, surtout avec des substances acides. Même si c'est autorisé sous certaines conditions, j'ai fait le choix radical du sans plomb. Toutes mes tasses, bols et assiettes sont garantis sans plomb et parfaitement sains pour un usage quotidien au contact alimentaire.
La recherche et les tests d'émaux
Créer ses émaux, c'est un peu comme être chimiste et artiste à la fois. Je mélange différents oxydes métalliques, des feldspaths, du kaolin, de la silice, dans des proportions précises. Chaque ingrédient a son rôle : certains apportent la couleur, d'autres la brillance, d'autres encore la tenue de l'émail.
J'ai des carnets entiers remplis de recettes, de tests, de notes. Un émail qui me plaît en petit échantillon peut donner un résultat totalement différent sur une grande pièce. Un dosage qui fonctionne à 1280°C ne donnera pas le même rendu à 1260°C. C'est un travail de patience et d'expérimentation constant.
Cette recherche m’a pris beaucoup de temps mais je pense que c’est un travail nécessaire pour créer son propre nuancier et réaliser des créations qui me ressemblent.
Les techniques d'émaillage dans mon atelier
Le trempage : ma technique préférée
Pour la plupart de mes pièces, j'utilise la technique du trempage. Je plonge littéralement ma pièce en biscuit dans un grand seau d'émail liquide. La terre poreuse absorbe l'eau et l'émail se dépose en une couche régulière sur toute la surface.
Le geste doit être précis et rapide. Trop court et la couche d'émail sera trop fine, trop long et elle sera trop épaisse. J'ai appris à sentir le bon timing : généralement quelques secondes suffisent. Pour l'intérieur d'un bol, je verse l'émail, je fais tourner la pièce, puis je vide rapidement.
Le coulage
Pour certaines pièces plus grandes ou des formes particulières, j'utilise le coulage. Je verse l'émail sur la pièce avec une louche, en créant des effets de superposition, des dégradés. C'est une technique qui demande de l'assurance et qui donne des résultats uniques.
La superposition des émaux
Il est également possible de réaliser une superposition d'émaux. J'applique une première couche d'un émail de base, puis je viens ajouter par-dessus des touches d'un autre émail. Au moment de la cuisson, les deux émaux vont réagir ensemble, créer des coulées, des effets de texture, des variations de couleur impossibles à prévoir totalement.
C'est cette part d'imprévu qui rend chaque pièce unique. Même si je refais la même combinaison d'émaux, le résultat ne sera jamais exactement identique.
Les défis de l'émaillage artisanal
La préparation des émaux : précision et rigueur
Avant d'émailler, je dois préparer mes émaux. Je pèse chaque ingrédient au gramme près avec une balance de précision. Une erreur de dosage et l'émail peut couler, se craqueler, ne pas fondre correctement. Je mélange tout dans de l'eau, je tamise pour éliminer les grumeaux, j'ajuste la densité.
J'ai des recettes qui datent de mes débuts et que j'utilise encore aujourd'hui. D'autres que j'ai abandonnées après des résultats décevants. Et puis il y a mes nouvelles expérimentations, ces tests que je lance régulièrement pour élargir ma palette de couleurs.
Gérer les surfaces non émaillées
Sur toutes mes pièces, je laisse le pied nu, sans émail. C'est indispensable : un pied émaillé collerait à la plaque du four pendant la cuisson. Je nettoie soigneusement cette zone avec une éponge humide pour retirer toute trace d'émail qui aurait coulé.
C'est aussi un choix esthétique. J'aime ce contraste entre le grès brut du pied et la surface émaillée brillante du reste de la pièce. On voit la vraie couleur de la terre, on sent la texture naturelle du grès sous les doigts.
Les réactions imprévisibles
Même après des années de pratique, l'émail me réserve encore des surprises. Un émail qui donne habituellement un bleu profond peut virer au gris-vert selon la position de la pièce dans le four. Un effet de coulure que je n'attendais pas peut créer une beauté accidentelle.
J'ai appris à accueillir ces imprévus. Certaines de mes pièces préférées sont le résultat d'accidents heureux. C'est la magie de la céramique artisanale : le feu a toujours le dernier mot.
Mes palettes de couleurs et d'émaux
Les teintes naturelles que je privilégie
Dans mon travail, je privilégie des teintes naturelles inspirées par l'Ardèche : des blancs cassés, des beiges crémeux, des verts céladon, des bruns profonds. Ces couleurs s'intègrent facilement dans tous les intérieurs et mettent en valeur la matière que j'utilise.
Je travaille aussi des émaux noirs mats, des gris nuancés. Parfois, je me laisse tenter par des bleus intenses ou des émaux plus graphiques. Mais je reviens toujours à cette palette sobre et intemporelle qui correspond à ma vision de la céramique utilitaire.
Les effets de texture et de surface
Au-delà de la couleur, je joue aussi sur les textures. J'ai des émaux brillants qui reflètent la lumière, d'autres mats et doux au toucher. Certains créent des effets cristallins, d'autres sont parfaitement lisses. J'aime varier les surfaces sur une même pièce : un intérieur brillant et un extérieur mat, par exemple.
Ces choix ne sont pas seulement esthétiques. Pour la vaisselle, un intérieur brillant est plus facile à nettoyer. Un extérieur mat offre une meilleure prise en main. Chaque décision d'émaillage a son sens pratique.
L'émaillage : entre science et intuition
Parmi les nombreuses heures passées dans mon atelier d'Aubenas, l'émaillage reste une de mes étapes préférées. C'est le moment où mes pièces prennent leur identité définitive. Je connais mes recettes par cœur, mes gestes sont précis, mais je garde toujours cette humilité : comment va réagir cet émail ? Quel résultat va donner cette superposition ?
Travailler avec des émaux sans plomb que je formule moi-même me donne une liberté créative totale. Je ne dépends de personne, je peux ajuster mes recettes, créer de nouvelles teintes. Et surtout, je peux garantir à mes clients que chaque pièce Pot et Tess est parfaitement saine pour l'usage alimentaire.
Avant la cuisson finale
Une fois mes pièces émaillées, elles doivent encore sécher plusieurs heures avant d'être enfournées pour la dernière cuisson, la cuisson haute température qui va vitrifier l'émail et fixer définitivement les couleurs. Mais cette dernière étape, je vous la raconterai dans un prochain article.
L'émaillage est un art délicat qui demande des années de pratique. Chaque pièce que vous tenez entre vos mains a été émaillée avec soin, avec des recettes que j'ai développées et testées longuement. C'est ce travail invisible qui fait toute la différence entre une céramique industrielle et une poterie artisanale faite main.
Céramiste à Aubenas en Ardèche, je crée des poteries en grès avec des émaux sans plomb que je formule moi-même. Chaque pièce Pot et Tess est garantie sans danger pour l'usage alimentaire et entièrement réalisée à la main dans mon atelier. Découvrez tous les secrets de l'émaillage artisanal sur mon blog.


