Etape 2 : le tournage

Le tournage : donner vie à mes pièces sur le tour de potier

C'est l'étape que tout le monde imagine quand on parle de poterie : mes mains plongées dans la terre humide, le tour qui tourne, et une forme qui naît peu à peu. Le tournage est sans doute le moment le plus fascinant de mon métier, mais c'est aussi le plus technique. Dans mon atelier d'Aubenas, chaque pièce tournée à la main raconte une histoire unique.

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Mon tour de potier : un outil, un compagnon de création

J'ai choisi un tour électrique pour mon atelier Pot et Tess, mais j'ai longtemps hésité avec un tour à pied traditionnel. Ce qui a fait la différence, c'est la régularité de vitesse qu'offre l'électrique, parfaite pour le grès que je travaille. Mon tour est devenu une extension de moi-même après toutes ces heures passées ensemble.

La position est essentielle : assise bien droite, les coudes calés contre mon corps pour plus de stabilité. J'ai appris pendant plusieurs jours auprès d’une spécialiste du slow tournage pour améliorer ma posture afin de pouvoir produire en diminuant la fatigue. Aujourd'hui, je peux tourner plusieurs dizaines de pièces d'affilée sans difficulté.

Les gestes du tournage : entre technique et intuition

Le centrage : la base de tout

Avant même de penser à la forme finale, il faut centrer la terre. Je place ma motte de grès préparée au centre du tour et je lance la rotation. Mes mains viennent alors exercer une pression ferme et constante pour amener la terre exactement au centre.

C'est un geste qui paraît simple vu de l'extérieur, mais qui demande des mois de pratique. Au début, ma terre dansait dans tous les sens. Maintenant, je sens sous mes paumes quand elle est parfaitement centrée : elle ne vibre plus, elle tourne en silence.

L'ouverture et le relevage des parois

Une fois la terre centrée, je crée l'ouverture avec mes pouces en appuyant au centre de la motte. C'est là que la pièce commence vraiment à prendre forme. Pour une tasse, un bol ou un vase, la technique d'ouverture diffère légèrement.

Ensuite vient le relevage des parois. C'est mon moment préféré : je pince doucement la terre entre mes doigts, à l'intérieur et à l'extérieur, et je remonte lentement. La paroi s'élève, s'affine. Il faut doser la pression, contrôler la vitesse du tour, garder la terre humide avec une éponge. Trop de pression et la pièce s'effondre, pas assez et elle reste épaisse et lourde.

Façonner la forme : bols, tasses, vases et plus encore

Chaque forme a sa personnalité. Les bols demandent une ouverture large et des parois qui s'évasent. Les tasses nécessitent plus de hauteur et une régularité parfaite pour recevoir ensuite l'anse. Les vases, eux, peuvent monter haut et se permettre des courbes plus audacieuses.

Dans mon atelier en Ardèche, je crée principalement de la vaisselle : assiettes tournées, bols à céréales, tasses à café, théières. Mais j'aime aussi me lancer dans des pièces de décoration comme des luminaires uniques, suspension, appliques…

Les défis du tournage à la main

Quand la pièce s'effondre

Tous les potiers vous le diront : on a tous vécu ce moment où une pièce sur laquelle on travaillait depuis plusieurs minutes s'affaisse soudainement. La terre était trop molle, un geste trop brusque, une paroi trop fine. Au début, je prenais ça comme un échec personnel.

Aujourd'hui, j'ai appris à voir ces ratés comme des enseignements. Je récupère la terre, je la remets dans mon bac de recyclage, et je recommence. C'est aussi ça, l'artisanat : accepter l'imperfection du geste et continuer à progresser.

Trouver son rythme et sa régularité

Un des plus grands défis quand on crée des séries, c'est la régularité. Comment faire pour que six tasses aient la même taille, la même forme ? C'est une question de répétition et de mémoire gestuelle. Pour des commandes sur mesure où la régularité est importante, je réalise un guide afin d’avoir des séries régulières.

Mais je revendique aussi les petites variations. Chaque pièce tournée à la main chez Pot et Tess est unique. Ce n'est pas de la vaisselle industrielle calibrée au millimètre. C'est de la céramique vivante, avec ses petites différences qui font tout son charme.

Pourquoi je continue à tout tourner à la main

On me demande parfois pourquoi je ne me facilite pas la vie avec des moules ou des techniques plus rapides. Ma réponse est simple : le tournage à la main donne une âme à chaque pièce. Quand vous tenez un bol Pot et Tess entre vos mains, vous sentez le geste du potier, les empreintes légères des doigts, cette rondeur imparfaite et parfaite à la fois.

C'est ce lien direct entre mes mains et la terre qui me passionne. Chaque matin, quand je m'installe à mon tour dans mon atelier d'Aubenas, c'est avec la même excitation. Qu'est-ce que je vais créer aujourd'hui ? Quelle forme va naître sous mes doigts ?

Le tournage : un apprentissage sans fin

Je continue d'apprendre chaque jour et j’ai travaillé avec des céramistes qui continuent d’apprendre après plus de 40 ans de pratique ! Chaque nouvelle terre que j'essaie réagit différemment. Chaque forme nouvelle me pousse à adapter mes gestes. C'est cette richesse qui rend mon métier de céramiste si passionnant.

Si le tournage vous fascine et que vous souhaitez voir naître une pièce en direct, n'hésitez pas à me suivre sur Instagram où je partage régulièrement des vidéos de tournage.

En savoir plus

Potière à Aubenas en Ardèche, je partage dans ce blog les étapes de création de mes poteries en grès tournées à la main. Découvrez les coulisses de l'atelier Pot et Tess et l'art du tournage traditionnel.

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